Alan Mathison Turing aurait eu 100 ans samedi 23 juin.
Celui qui avait donné le coup d'envoi à la création des calculateurs universels programmables (ordinateurs) grâce à sa machine de Turing et à la formalisation des concepts d'algorithme et de calculabilité, a profondément marqué cette discipline posant les bases de l'informatique moderne et, probablement, le premier geek de l'ère moderne.
Biographie
Alan Turing est né à Paddington (un quartier situé dans l'arrondissement de la Cité de Westminster) le 23 juin 1912. Très tôt, il montre les signes de son génie : il apprit seul à lire en trois semaines et montra une affinité précoce pour les chiffres et les énigmes. Son penchant naturel pour les sciences ne lui apporte le respect ni de ses professeurs, ni des membres de l'administration de Sherborne, dont la définition de la formation mettait plus en valeur les disciplines classiques que les sciences. Malgré cela, il continue de faire des prouesses dignes d'intérêt dans les matières qu'il aime, résolvant des problèmes très ardus pour son âge. En 1928, Turing découvre les travaux d'Albert Einstein et les comprend alors qu'il a à peine 16 ans, allant même jusqu'à extrapoler la loi du mouvement d'Einstein à partir d'un texte dans lequel elle n'était pas décrite explicitement.
Il échoue plusieurs fois à ses examens par manque d'enthousiasme à travailler aussi dur dans les matières classiques que scientifiques. Cependant, il finit par n'être admis que dans l'établissement qu'il avait mentionné par défaut, King's College de l'université de Cambridge. Il étudie de 1931 à 1934 sous la direction de mathématiciens émérites. En 1935, Turing est élu fellow, équivalent d'enseignant-chercheur, du King's College.
Alors qu'il se reposait dans un pré, l'idée lui vient de créer une "machine universelle" nommée Automatic Computing Engine (ACE), une sorte de cerveau électrique opérationnel pour résoudre toute fonction mathématique calculable. Turing devient alors le premier à envisager de fournir des programmes à une machine sous forme de "données" pour lui permettre d'accomplir les tâches de plusieurs autres en même temps à l'instar de nos ordinateurs actuels.
Turing explore le problème de l'intelligence artificielle et propose une expérience maintenant connue sous le nom de test de Turing dans une tentative de définition d'un standard permettant de qualifier une machine de "consciente".
En mai 1952, Turing écrit un programme de jeu d'échecs. Ne disposant pas d'un ordinateur assez puissant pour l'exécuter, il simule lui-même les calculs de la machine, mettant environ une demi-heure pour effectuer chaque coup. Une partie fut enregistrée, où le programme perdit contre un collègue de Turing.
Après guerre, il développe ses talents dans la biologie en étudiant la morphogenèse.
Une personnalité qui aura marqué le 20ème siècle
Ce génie des maths et "de l'informatique" était aussi un sportif accompli, en 1949 il s'est par exemple classé 4ème au marathon de l'association des athlètes amateurs (AAA Marathon) dont les meilleurs coureurs sont traditionnellement qualifiés pour les Jeux Olympiques (blessé à une jambe, il devra abandonner la compétition).
Mais le plus haut fait d'armes du mathématicien a eu lieu durant la Seconde Guerre Mondiale. Alors que l'Angleterre était asphyxiée par le blocus très efficace des sous-marins allemands croisant dans la l'Atlantique nord qui coulaient systématiquement tous navires ravitaillant l'Île britannique, Turing réussit à casser les codes de la machine allemande Enigma utilisés pour leurs communications. Sans cette découverte majeure, il est probable que l'Angleterre aurait fini par capituler.
Alan Mathison Turing, un savant timide et geek (excentrique)
On sait que pour se protéger des pollens et du rhume des foins, il avait l'habitude de porter un masque à gaz lorsqu'il faisait du vélo. Il était aussi fan du film d'animation Blanche Neige et les spet nains et adorait la scène où la méchante sorcière trempe la pomme dans la potion empoisonnée et chante : "Laisse le sommeil de mort t'imprégner...".
Il fut condamné pour outrages "aux bonnes mœurs" lors d'un procès très médiatisé en raison de son homosexualité et fut contraint à la castration chimique par organothérapie.
Turing finit par se suicider le 7 juin 1954 à l'age de 41 ans. Sa femme de ménage le découvre, l'écume aux lèvres, avec à ses côtés une pomme entamée que l'on retrouvera (coïncidence ?) quelques années plus tard sur des millions d'ordinateurs, téléphones et tablettes en devenant le logo de la célèbre marque fondée par Steeve Jobs le 1er avril 1976. L'histoire d'Alan Turing a t-elle inspiré Steve Jobs et Steve Wozniak, est-ce la morsure que l’on a envie de donner dans une bonne grosse pomme (qui s’avèrera juteuse, si vous me permettez) ou un hommage à Newton ?
Sources images : mathcomp.leeds.ac.uk et Apple